La situation politique au Sri Lanka est tendue et se dégrade fortement depuis le
mois de mai. Au point que les départs vers cette destination sont formellement
déconseillés par l'ambassade Française. En gros si tu pars et que tu as besoin
d'un rapatriement ... ben... tu te débrouilles!
Petit résumé de la situation, en
toute humilité avec notre regard de touriste européen: La situation économique
du pays connaissait déjà des difficultés avec un endettement de 42% du PIB avant
2019, 101% en 2021 après la crise COVID. Ce que nous pouvons lire depuis la
France serait que les choix politiques n'auraient fait qu'enfoncer le pays vers
la récession: baisse des impôts et donc des recettes, passage au tout Bio
(baisse drastique de la production de Thé et donc des recettes d'exportation, le
pays auparavant auto-suffisant en riz doit maintenant importer pour plusieurs
millions cette denrée de base), impression record de billets et beaucoup parlent
de corruption.
Le pays est gouverné par 2 frères Rajapaksa et ils ne font pas
l'unanimité au regard de plusieurs affaires de détournement d'argent notamment.
Quoiqu'il en soit, la colère monte au sein de la population et des
manifestations émergent depuis plusieurs mois demandant la démission du
gouvernement et du président: couvre-feu, déploiement militaire, blocage des
réseaux sociaux, état d'urgence mais également démission d'une partie du
gouvernement et tentative de création d'un gouvernement provisoire de coalition
sont déployés pour calmer les opposants. Malgré tout cela, la situation politique ne
s'améliore pas, en mai le collectif "HoruGoGama" (Rentrez chez vous, voleurs de
village) demande également la restitution de l'argent volé. La violence monte.
Parallèlement, la situation financière du pays ne permet plus les importations
autant que nécessaires: Gaz - Pétrole - médicaments viennent à manquer
drastiquement. Rationnement, coupure d'électricité de plusieurs heures tous les jours, blocage du pays, essence réservée aux services essentiels et urgents, excluant donc le tourisme..
Tout cela
vient nécessairement nous questionner quant à la faisabilité de notre voyage.
Jusque là, il s'agissait d'éviter les manifestations dans les grandes villes
comme Colombo et Galle, qui n'étaient déjà pas dans notre parcours. Maintenant,
il nous faut réfléchir: si nous sommes à l'arrêt pendant notre Road Trip, que
les trains ne fonctionnent pas non plus, que les biens de premières nécessité
manquent.. qu'elle est notre juste place dans cette histoire? Est-ce vraiment le
moment d'aller dans ce pays, d'y faire du tourisme alors que la population est
en grande difficulté? Nous avons eu cette discussion de nombreux soirs, scrutant
les réseaux sociaux, échangeant avec les touristes qui se trouvaient sur place.
Nous avons un soir décidé d'élaborer des plans B: où aller depuis Doha si
nous ne prenons pas le deuxième vol pour le Sri, repartir de Colombo? Et puis aussi de lister les
galères qui pourraient nous arriver, les solutions qu'on aurait, notre capacité
d'adaptation.. tout ça..
Après X apéros, lectures, surveillances, échanges...
tout ça tout ça, le plan sera de partir comme prévu, d'atterrir le 9 juillet à
Négombo, et de s'entourer de guides / chauffeurs pour les longs trajets avec qui
nous sommes déjà en lien pour parler très régulièrement de la situation, de leur
possibilité d'avoir de l'essence grâce à leur référencement SLTA et de leur envie de réaliser ce périple à nos
côtés. Nous sommes rassurés sur la situation, ce que véhicule Internet et la
réalité sur le terrain. Nous sommes rassurés mais conscients des difficultés que
vivent certaines familles.
Là-bas, ils ne demandent qu'à recevoir les touristes
et ainsi à maintenir un salaire dans le foyer. 2019 les attentats - 2020-2021 le
COVID - 2022 la crise économique et politique ... oui c'est particulier de
maintenir notre voyage, certains ne comprendront pas que nous allons frôler de
si près la tristesse, la difficulté. Mais nous choisissons de partir et d'y
trouver une posture juste et respectueuse. Nous verrons bien si nous avons eu
raison de choisir la confiance. Nous avons tout bouclé, repensé à une semaine du départ, nous sommes clairs sur notre capacité à écourter notre voyage si besoin quitte à payer un vol sec du jour au lendemain.
Ce sera le premier voyage aussi "cadré" avec des chauffeurs et sans transport en commun ou presque... cadré dans ce qui semble le chaos.
Nous partons le 8 et l'ambassade aura levé l'interdiction de se rendre sur place le 6.. et nous le saurons plus tard.. pour la rétablir juste après notre départ. Et puis le 2/07 livraison "surprise" de pétrole, les stocks sont "refaits".. Nous pensons que la chance est de notre côté.
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